top of page

Slow Travel, ou l'art de se laisser porter

  • Photo du rédacteur: Manon
    Manon
  • il y a 5 jours
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 4 jours

Il y a quelque temps, alors que nous parlions de notre prochaine Odyssée avec une amie, elle nous a dit : "Vous, de toute façon, c'est le slow travel qui vous anime". À la réflexion, je lui ai répondu que non, pas vraiment, car nous ne voyageons pas à vélo, et rarement en stop. S'en est suivie une conversation super intéressante, où nous avons questionné notre façon de concevoir et de vivre le voyage.


Geoffrey est en contemplation devant le paysage islandais lors du trek Laugavegur

On s’est donc mis à chercher des informations sur ce néologisme, "slow travel", et on s’est rendus compte qu’il n’y a pas une seule définition, mais plusieurs axes de réflexion. On peut lire sur la page Wikipédia du slow travel que :

C’est un tourisme à rythme lent, garant d’un ressourcement de l’être (physique et psychologique), peu émetteur de CO₂, synonyme de patience, de sérénité, de découvertes approfondies, d’améliorations des connaissances. Il est non lié à des horaires et à des itinéraires touristiques, et se caractérise par une mobilité réduite et par le temps pris pour explorer l’histoire et la culture locales. Il peut offrir une expérience intellectuelle, car les visiteurs peuvent activement repenser la vie moderne et le sens du temps...


Je ne pense pas que notre façon de voyager soit l’incarnation du slow travel. Pour autant, on se retrouve quand même dans plusieurs aspects, et nos expériences passées s’inscrivent en partie dans ce qu’on a lu. Par exemple, on a voyagé pendant un an "uniquement" en Amérique du Sud – la plus belle année de notre vie – ou plus récemment, un mois en stop et en transports en commun au Kirghizistan. On adore prendre le temps de s’imprégner d’un endroit, d’une culture, apprendre un peu la langue. On fait aussi attention à notre empreinte écologique, mais on ne se leurre pas : notre façon de voyager est loin d’être décarbonée. Nous ne sommes pas non plus dans une quête d’expériences alternatives, on en fait, mais on ne rejette pas certaines activités dites "touristiques".


On a rassemblé dans cet article quelques points qui, dans notre façon de voyager et nos expériences passées, peuvent s’apparenter au slow travel. Cela nous a donc permis de :

  • découvrir des endroits magnifiques et méconnus

  • créer des amitiés fortes

  • changer notre rapport au temps

  • nous ressourcer et nous dépasser

  • apprendre

  • nous confronter à d'autres façons de voir le monde


 

Le slow travel permet de

découvrir des endroits magnifiques et méconnus


Une parenthèse de douceur en pleine nature, dans l’esprit du slow travel, à simplement profiter d’être là, ensemble.
Parque Nevado Tres Cruces au Chili

J'ai décidé de mettre une photo du Parque Nevado Tres Cruces au Chili car elle illustre parfaitement le titre de cette section. Alors que nous étions sur le point de partir à San Pedro de Atacama, de fortes pluies et inondations sont malheureusement survenues dans cette région, pourtant connue comme l’une des plus arides du monde, et ont bousculé nos plans. À ce moment-là, nous étions sur la côte, à Pan de Azúcar, où nous venions de rencontrer Manon et Marion, qui remontaient elles aussi vers San Pedro de Atacama. Manon nous parla alors d’un parc que son père avait adoré dans sa jeunesse : le parc Nevado Tres Cruces. Et wow, quelle beauté ! Comment avions-nous pu passer à côté de cet endroit ? Ni une ni deux, on a décidé d’organiser un "crochet" qui reste l’un de nos souvenirs les plus marquants au Chili. L’endroit était bel et bien incroyable, le coucher de soleil l’un des plus beaux que j’aie jamais vus, et nous avons passé une soirée mémorable avec d’autres voyageurs et le gardien du refuge, Eduardo. Un magnifique imprévu sur notre chemin.



Des histoires comme celles-ci, on en a plein ! Comme la fois où nous nous sommes rendus au Bañado la Estrella en Argentine, un tout petit village loin de tout circuit touristique, repéré par Geoffrey lors de ses recherches sur la faune. On n'était pas sûrs d'y aller car c'était vraiment (très) loin de tout, mais une discussion avec une habitante de ce village rencontrée à Humahuaca - les jolis hasards de la vie... - a fini par nous convaincre. Elle a organisé notre venue et on a vécu un moment inoubliable avec Walter, dans le bañado, au milieu de centaines d’oiseaux, sur une petite barque, seuls au monde. Là encore, un souvenir très fort. Ou encore en Bolivie, quand on s'est rendu dans un camping au milieu de la jungle, coupé du monde. Un endroit qu’on a découvert au gré de conversations avec d’autres voyageurs et qui est un petit paradis perdu.


Quand on a le temps, on sort plus facilement des sentiers battus, on découvre des endroits méconnus, et on s’adapte aux aléas de la vie, qui peuvent se transformer en expériences inoubliables.



 

Le slow travel

crée des amitiés fortes


Des visages inoubliables

En voyageant lentement, en ne s'imposant aucun programme, aucun itinéraire, on peut facilement décider de changer ses plans et de passer du temps avec des personnes que l'on vient de rencontrer, ou avec des amis qui nous rejoignent. Les envies se mêlent et créent de jolies dynamiques. C'est de cette manière qu'on a décidé de faire un trek de 5 jours en autonomie dans la Cordillera Huayhuash au Pérou avec 4 compagnons de voyage rencontrés en cours de route. Et c'était juste incroyable ! Honnêtement je ne suis pas sûre qu'on l'aurait fait à deux en autonomie à l'époque, mais avec eux, tout semblait possible. Quand on vit une aventure comme celle-ci, on crée des souvenirs vraiment forts. On se découvre dans des conditions difficiles, on passe toutes nos journées et soirées ensemble et ce contexte fait qu'on va rapidement dans des conversations profondes et des liens forts.


Que ce soit en Amérique du Sud, ou même lors de voyages plus courts, nous avons toujours de la chance dans nos rencontres. On tombe sur des gens magnifiques. Parfois le lien dure et les personnes restent dans nos vies, parfois non. Parfois on partage un mois de voyage, parfois une soirée. Mais quoiqu'il en soit, on vit des moments vraiment beaux ensemble. Pour ça, on est tellement reconnaissants.


"Happiness is only real,

when shared."

— Christopher McCandless


 

Le slow travel

change notre rapport au temps


Marcher au cœur du Salar d’Uyuni, à l’heure dorée, quand le ciel se reflète parfaitement
Le salar de Uyuni

Et ça, ça donne le vertige, on perd ses repères, un peu comme cette photo de Geoofi au milieu du Salar de Uyuni. C'est un sentiment très difficile à expliquer - mais je vais essayer ^^ - et c'est certainement autre chose de le vivre.


À un moment, dans un voyage au long cours, on perd ses habitudes, ses réflexes de pensée, ses automatismes dont on ne se rend même pas compte au quotidien. Ce n'est pas arrivé tout de suite, je dirais que c'est arrivé au bout de 4 ou 5 mois, quand ce mode de vie commençait à devenir "normal". On a eu tellement de soirées d'échanges tous les deux, assis dehors sous les étoiles, à philosopher sur la vie, l'univers, le temps, notre place, le monde dans lequel on vit, qui on est, etc. C'est lors d'une de ces soirées qu'on l'a formalisé. Un matin on se lève et on ne sait plus quel jour on est, ni quelle heure. Plus aucun rythme n'est imposé, si ce n'est celui de ses besoins, et de ses envies. Il y a comme une forme de libération à ne plus compter le temps, et c'est peut-être là la plus grande liberté. Paradoxalement, on n'oubliait pas que cette expérience allait avoir une fin, que le "temps" était compté, mais on ne le subissait plus, on n'avait pas l'impression de "passer à côté de choses", "courir après le temps", "d'être en retard" ou "en avance".


Changer notre rapport au temps est la chose la plus folle qu'on a vécue lors de notre année en Amérique du Sud, celle qui a le plus bousculé nos acquis, nos croyances.


 

Le slow travel permet

de se ressourcer et de se dépasser


Se ressourcer et se dépasser vont pour moi ensemble. Se ressourcer ici ne veut pas dire ne rien faire, c'est plutôt se reconnecter à ses envies profondes, faire ce qu'on a envie, au rythme qu'on a envie. Ne plus se forcer à rien, ne plus être forcé à certains rapports sociaux, mais pour autant donner aux autres. C'est s'apaiser, vivre un quotidien tout doux. Et puis il y a le contact avec la nature, immense et grandiose, le contact des animaux, dormir dehors, ne plus être enfermés, ne plus avoir de chez soi, ne pas dormir au même endroit. On se reconnecte à d'autres choses, on se questionne, on redécouvre ses envies, ses valeurs, ses défauts, ses qualités. Et puis il y a le corps qui se remet en route, une vie de nomade n'est pas de tout repos. Et une vie de nomade avec l'intention de découvrir tout ce qui se trouve sur son chemin l'est encore moins. C'est comme ça que, sans vraiment y penser, on se retrouve à faire des treks de plusieurs jours, à gravir un sommet à plus de 6000m, à passer des journées à nager, à visiter...


Sortir de sa zone de confort change l'angle de vision sur sa propre vie, permet de se redécouvrir, soi-même et son partenaire de voyage s'il y en a un·e. On en revient plus confiant, plus serein, plus fort dans sa tête et son corps.


 

Le slow travel permet

d'apprendre


Et qu'est-ce que j'aime apprendre. Apprendre au contact des gens qu'on rencontre, qu'ils soient locaux ou voyageurs. Il y a apprendre et questionner l'apprentissage. On peut apprendre une langue et se rendre compte de l'importance qu'ont les mots et la grammaire dans la structuration des idées et même dans l'identité d'une culture. On peut apprendre un sport comme la plongée et découvrir un monde insoupçonné qui devient une vraie passion. On peut apprendre les bases de la permaculture en faisant un stage chez des gens adorables et se rendre compte qu'on ne valorise pas assez le pouvoir de la flore qui nous entoure. On peut apprendre les rudiments de l'astrophotographie aux côtés d'un passionné qui nous fait repenser notre place dans l'univers et nous rappeler notre insignifiance. On peut apprendre à faire des bracelets en macramé dans une auberge de jeunesse avec une voyageuse qui devient une amie. On peut apprendre à conduire un 4x4 dans un désert de sable parce qu'on s'est tanqué et qu'un couple d'Argentins a décidé de nous sortir de là et, en prime, de nous transmettre leur savoir. On peut apprendre plein de choses aux côtés des garagistes lors des nombreux problèmes liés à une vie sur la route. Et puis on fait des musées, des activités tout le temps, on apprend l'histoire, la géographie, la biologie, et tellement, tellement d'autres choses...


Tu croises le chemin de tellement de gens différents lors d'un voyage itinérant, tu te confrontes aussi à tellement de situations, et d'imprévus, que chaque jour est un apprentissage qui se grave dans ton esprit par le biais de l'expérience, pour moi la meilleure façon d'apprendre.


Kika range ses graines dans de petits sachets, son chat sur l'épaule dans une lumière toute douce
Kika en train de ranger ses graines, son chat sur l'épaule lors d'un stage dans une permaculture

 

Le slow travel permet

de se confronter à d'autres façons de voir le monde


... Et accroît son degré de tolérance. Juger et aller contre un mode de vie ne marchent pas, dans le voyage mais aussi dans la vie de tous les jours. On a assisté à des scènes qui ne nous semblaient pas "normales", et qui ont forcément engendré des discussions et des remises en question. On n'est pas obligé de tout comprendre, mais on peut reconsidérer les choses, et juste accepter qu'on est tous différents.


L'importance de la vie, l'éducation, la famille, la politique, les idées reçues, les préjugés, la relation à l'autre, l'argent, l'amour sont autant de concepts qu'on a repensés en voyageant, et qui nous ont fait grandir.


 


Conclusion

Voyager lentement, longtemps, c'est pouvoir s'adapter facilement à tous les imprévus, toutes les envies, toutes les rencontres, c'est être flexible et ne plus avoir de planning, c'est se laisser porter, c'est lâcher prise, vivre au jour le jour mais c'est aussi se questionner, se reconnecter à soi-même et aux autres, c'est remettre en question un millier de choses, c'est découvrir, apprendre, se dépasser, partager.


Je trouve que c'est le plus beau cadeau que l'on puisse se faire et je terminerai par dire que sortir de son mode de vie, de sa zone de confort, se mettre en "danger" est peut-être moins dangereux que de ne rien changer. En tout cas, c'est plus transformateur. Le voyage au long cours est un révélateur, un catalyseur des choses qu'on porte en nous et je vous souhaite un jour de prendre le temps de perdre le temps.



Opmerkingen


bottom of page